Le soutien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie, quels enjeux, quelles solutions ?
< Actualités - Publié le 18 mars 2019

Le soutien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie, quels enjeux, quelles solutions ?

Renforcement de l’organisation du soutien à domicile : PROXICARE vous éclaire sur les enjeux posés et les solutions apportées au travers de trois publications qui veilleront à mettre en lumière les innovations dans ce domaine.

 

Un contexte sociétal en mutation

En 2015, une personne sur cinq1 de plus de 60 ans déclarait être aidée pour les actes de la vie quotidienne. Compte-tenu des projections démographiques, cette proportion devrait s’accroître dans les décennies à venir. Le vieillissement de la population française est un phénomène inéluctable qui pose de nouveaux enjeux et génère de nouveaux besoins auxquels la puissance publique et les acteurs de la filière autonomie doivent répondre de concert.

Si l’arrivée des « papy-boomers » en âge de retraite questionne le dimensionnement de l’offre d’accompagnement actuelle, elle interroge également en profondeur sa structuration. Cette génération, la première à avoir accompagné son parent dans la perte d’autonomie et à avoir vécu les choix difficiles qui peuvent s’imposer (entrée en EHPAD, etc.), exprime aujourd’hui des aspirations différentes de celles de ses aînés. La volonté de pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible en constitue certainement la première. La liberté de choix la seconde, qui n’est pas sans faire écho à l’avis du Comité Consultatif National d’Ethique[1] publié le 15 février 2018 qui alerte sur « l’absence fréquente d’alternative » à « l’institutionnalisation contrainte ».

 

De nouveaux besoins à couvrir

Les dernières estimations de la DREES posent clairement les enjeux du soutien à domicile des personnes âgées les moins autonomes. Elles évaluent à 53h40[2] le volume d’heures hebdomadaires d’aide nécessaires pour permettre à une personne en GIR[3] 1-2 de rester chez elle. Une aide majoritairement délivrée par l’entourage, et complétée par les services d’aide et de soins à domicile. Les besoins sont conséquents. La question du logement est également cruciale dans le soutien à domicile : un logement inadapté ou trop isolé peut être la cause de l’entrée en établissement, de même que l’isolement social, générateur de dépressions.

Ces évolutions démographiques, sociologiques et culturelles appellent donc de nouveaux modes d’accompagnement de la perte d’autonomie. Les différents rapports[4] et avis publiés au premier semestre 2018 sont unanimes sur l’urgence sociétale à créer des alternatives à l’entrée en EHPAD sur un même territoire. Elles exigent des acteurs de repenser leur fonctionnement et d’innover dans les solutions qu’ils proposent. C’est toute la structure territoriale de l’offre qui est questionnée afin de constituer une palette de solutions garantissant une possibilité de choix sur chaque bassin de vie.

 

Un décloisonnement nécessaire de l’offre actuelle

Lorsque l’on regarde avec recul les prestations de soins et d’accompagnement déployables à domicile, l’offre est riche et a priori complète (accompagnement dans la réalisation des actes de la vie quotidienne, soins techniques, etc.).

C’est en analysant de plus près leur organisation que l’on identifie les points faibles : une pluralité d’acteurs intervenant de manière cloisonnée, un manque de synergies entre les acteurs du domicile et de l’hébergement, des logements peu adaptés et une continuité de prise en charge la nuit encore peu déployée sur certains territoires.

Le soutien à domicile de personnes dont la perte d’autonomie est avancée implique un décloisonnement des pratiques des professionnels (domicile, ville établissement, etc). Les expérimentations possibles de nouveaux modes de financements forfaitaires, dans le cadre de l’article 51 notamment incitent à l’évolution des pratiques en ce sens. De même, les solutions numériques, sous condition d’un usage partagé, constituent une opportunité pour faciliter les liens. L’adaptation du logement et la mobilité résidentielle des séniors sur un territoire, quant à elles, supposent des coopérations plus fortes entre acteurs du soutien à domicile et acteurs du logement.

 

Des solutions se dessinent

Depuis quelques années, des expériences de renforcement du soutien à domicile émergent. Elles visent à constituer de véritables alternatives à l’entrée en institution en apportant des solutions organisationnelles et techniques aux besoins identifiés. Ces dispositifs, parfois appelés EHPAD hors-les-murs, ou encore pôles gérontologiques, constituent une nouvelle offre mais s’appuient sur les acteurs déjà en place sur le territoire (SAAD[5], SSIAD[6], EHPAD, etc.).

Par l’organisation d’une équipe dédiée à la coordination renforcée et à la gestion de cas, transverse à tous les intervenants à domicile, ces dispositifs apportent un suivi rapproché du parcours de vie de la personne. Ils garantissent la cohérence de l’accompagnement au projet de vie du bénéficiaire. La sécurisation du domicile est également renforcée, notamment par la mise en place d’une solution de téléassistance. Certains dispositifs se dotent même d’une capacité d’hébergement d’urgence, en EHPAD, pour un bénéficiaire qui ne pourrait plus être maintenu chez lui sans pour autant relever d’une hospitalisation.

Les expériences françaises le montrent, ces organisations sont uniques : dans les besoins qu’elles couvrent et les cibles auxquelles elles s’adressent comme dans leur structuration, car elles capitalisent sur l’existant d’un territoire.

Ces dispositifs agrègent une multitude de prestations concourant au renforcement de l’accompagnement mais également à l’amélioration du confort de vie et à la facilitation du quotidien (conciergerie, etc.). Déployées de façon sur-mesure auprès de chaque bénéficiaire, ces prestations font émerger une approche servicielle complémentaire dans le secteur du soutien à l’autonomie. Ces dispositifs s’affranchissent des schémas actuels et innovent tant dans leur offre que dans leur organisation, ou encore dans leurs outils.

 

Le regard By Proxicare

Un véritable essor des dispositifs type « EHPAD hors-les-murs » est annoncé. Offreurs et financeurs se mobilisent déjà pour développer ces organisations qui ouvrent de nouvelles perspectives au soutien à domicile. Leur transversalité et leur caractère « sur-mesure » constituent une véritable opportunité d’innovation pour les acteurs du secteur mais également les prestataires de services et les acteurs de l’habitat.

Ces dispositifs ne peuvent être envisagés de manière uniforme et nécessitent une prise en compte fine des spécificités locales. Proxicare vous accompagne dans vos réflexions stratégiques, la conception et la mise en œuvre de vos projets.

 

 

Par Amélie Le Janne

 

[1] Avis n°128 du Comité Consultatif National d’Ethique, « Enjeux éthiques du vieillissement : Quel sens à la concentration des personnes âgées entre elles, dans des établissements dits d’hébergement ? Quels leviers pour une société inclusive pour les personnes âgées ? »

[2] Etudes et résultats DREES – Février 2019- numéro 1103 « Un sénior à domicile sur cinq aidé régulièrement pour les tâches du quotidien ».

[3] Le GIR, Groupe Iso-Ressources correspond au niveau de perte d’autonomie d’une personne âgée.

[4] Avis du Comité National d’Ethique du 16 mai 2018 « Enjeux éthiques du vieillissement. Quel sens à la concentration des personnes âgées entre elles, dans des établissements dits d’hébergement ? Quels leviers pour une société inclusive pour les personnes âgées ? », Rapport d’information FIAT – IBORRA du 14 mars 2018 en conclusion des travaux sur la mission « Sur les établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD) », Rapport RICORDEAU – IGAS, « Relevé des échanges et propositions de la mission de médiation sur la mise en place de la réforme de la tarification dans les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ».

[5] Service d’aide et d’accompagnement à domicile

[6] Service de soins infirmiers à domicile

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